Mémoires pour servir à lHistoire de mon temps

François Pierre Guillaume Guizot
Mémoires pour servir à l'Histoire
de mon temps (Tome 2)

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mon
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Title: Mémoires pour servir à l'Histoire de mon temps (Tome 2)
Author: François Pierre Guillaume Guizot
Release Date: March 10, 2005 [EBook #15312]
Language: French
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MÉMOIRES POUR SERVIR À ***

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MÉMOIRES POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE MON TEMPS (II)
PARIS MICHEL LÉVY FRÈRES, LIBRAIRES-ÉDITEURS, RUE
VIVIENNE, 2 BIS.

MÉMOIRES POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE MON TEMPS
PAR
M. GUIZOT
TOME DEUXIÈME
1859

CHAPITRE IX
LA RÉVOLUTION DE 1830.
Mon arrivée à Paris.--Je trouve la Révolution soudainement
flagrante.--Réunions de Députés chez MM. Casimir Périer, Laffitte,
Bérard et Audry-Puyraveau.--État des esprits dans ces réunions;--parmi
le peuple et dans les rues.--Les Députés prennent séance au
Palais-Bourbon et appellent le duc d'Orléans à Paris.--Il accepte les
fonctions de lieutenant général du royaume.---Insignifiants et vains
essais de négociation entre Paris et Saint-Cloud.--Le raccommodement
avec Charles X était-il possible?--La royauté du duc de Bordeaux avec
la régence du duc d'Orléans était-elle possible?--M. de La Fayette et ses
hésitations.--M. le duc d'Orléans et les motifs de sa détermination.--Il
n'y avait de choix qu'entre la monarchie nouvelle et la
République.--Emportement public.--Sentiment dominant parmi les
royalistes.--Empire de l'exemple de la Révolution de 1688 en
Angleterre.--Différences méconnues entre les deux pays et les deux
événements.--Révision de la Charte.--Origine du parti de la
résistance.--Fallait-il soumettre la royauté et la Charte nouvelles à la
sanction populaire?--Symptômes anarchiques.--Prétentions
républicaines.--Faits divers qui déterminent ma ferme adhésion à la
politique de résistance.--Je deviens ministre de l'intérieur.
(26 juillet--11 août 1830.)
J'entre dans l'époque où j'ai touché de près, et avec quelque puissance,
aux affaires de mon pays. Si j'étais sorti de l'arène comme un vaincu
renversé et mis hors de combat par ses vainqueurs, je ne tenterais pas
de parler aujourd'hui des luttes que j'ai soutenues. Mais la catastrophe
qui m'a frappé et brisé a tout frappé et brisé autour de moi, les rois
comme leurs conseillers, mes adversaires comme moi-même. Acteurs
de ce temps, nous sommes tous des vaincus du même jour, des
naufragés de la même tempête. Je ne me flatte pas que les grands coups
du sort, même les plus rudes, portent partout et soudain la lumière. Je

crains que les idées, les passions et les intérêts avec lesquels j'ai été aux
prises ne possèdent et n'agitent encore bien des coeurs. La nature
humaine est aussi obstinée que légère, et les partis ont des racines que
les plus violentes secousses n'extirpent pas complètement. Pourtant j'ai
la confiance que, dans les régions un peu hautes de la vie publique, le
jour s'est levé assez grand et nous avons tous aujourd'hui l'esprit assez
libre pour que nous puissions regarder dans le passé en y cherchant les
enseignements de l'expérience, non de nouvelles armes de guerre. C'est
avec ce sentiment, et avec celui-là seul, que j'entreprends de retracer
nos anciens combats. Je me promets d'être fidèle à mes amis, équitable
envers mes adversaires, et sévère pour moi-même. Si j'y réussis, mon
travail ne s'achèvera peut-être pas sans quelque honneur pour mon nom
et sans quelque utilité pour mon pays.
Je quittai Nîmes le 23 juillet 1830, content des élections auxquelles
j'avais concouru, des dispositions générales que j'avais trouvées, et
uniquement préoccupé de chercher comment il faudrait s'y prendre
pour faire prévaloir dans les Chambres et accueillir en même temps par
le Roi le voeu décidé, mais modéré et honnête, du pays. Ce fut
seulement le 26 juillet, en passant à Pouilly, que j'eus, par le courrier de
la malle, la première nouvelle des ordonnances. J'arrivai à Paris le 27, à
cinq heures du matin, et je reçus à onze heures un billet de M. Casimir
Périer qui m'engageait à me rendre chez lui, où quelques-uns de nos
collègues devaient se réunir.
La lutte était à peine commencée, et déjà tout l'établissement de la
Restauration, institutions et personnes, était en visible et pressant péril.
Quelques heures auparavant, à quelques lieues de Paris, les
ordonnances ne m'étaient pas même connues, et, à côté de la résistance
légale, je trouvai en arrivant l'insurrection révolutionnaire déchaînée.
Les journaux, les tribunaux, les sociétés secrètes, les réunions de pairs
et de députés, la garde nationale, la bourgeoisie et le peuple, les
banquiers et les ouvriers, les
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